En 2015, j’ai enfin eu l’occasion de me rendre dans le vignoble de la Vallée du Rhône. J’ai été conquise par ses moindres détails : les vues panoramiques, les champs de lavandes, la nourriture, le vin… Il n’y a qu’une seule chose qui m’a manquée, ma moitié, Jack, qui n’avait pas pu se libérer. L’automne dernier, c’est ensemble que nous sommes allés dans le Beaujolais, et cerise sur le gâteau, il s’est avéré que notre séjour coïncidait avec la semaine de notre anniversaire de mariage.

Un parfait conte de fées, à part le petit couac au début de notre aventure où nous avons raté notre avion. Oups.

Nous avons sauté dans un autre avion pour Paris dès le lendemain. À notre arrivée, direction le taxi à toute hâte pour attraper notre train à la gare, et comme par magie, après plus de 24 heures privés de sommeil, nous y étions enfin. Le domaine du Château du Moulin-à-Vent, la première étape de notre circuit dans le Beaujolais, semblait nous accueillir les bras ouverts. Le château avait l’air d’être tout droit tiré d’un tableau. Le ciel était noir et menaçant, nous nous sommes donc réfugiés à l’intérieur, confortablement installés autour d’un bon verre de vin. Laissez-moi vous dire que nous n’avons pas boudé notre plaisir d’être finalement arrivés à bon port.

En revanche, Jack qui est à côté de moi se met à bouder, car il veut que je le laisse raconter le reste de l’histoire. Je lui cède le clavier !

 

Notre rencontre avec les locaux

Débuter notre voyage par le Château du Moulin-à-Vent était une excellente idée. L’ambiance qu’il dégage est très représentative de la région du Beaujolais ; c’est une magnifique bâtisse, à l’architecture traditionnelle, mais pour autant dotée d’une grande humilité. Le propriétaire actuel nous a reçus avec une bouteille de sa cuvée personnelle et des mets typiques de la région, comme le gâteau rose à la pistache que vous pouvez apercevoir ci-dessus.

Il était aux anges de pouvoir nous conter l’histoire du château et celle du Moulin qui a donné son nom à la ville, mais aussi de nous expliquer comment les vignerons bichonnent leurs vignes. Néanmoins, il semblait tirer sa plus grande fierté des vieilles reliques du château. L’établissement n’appartient à sa famille que depuis peu, mais il passe des heures à parcourir Internet pour dénicher de vieux menus, des cartes d’invitations et d’autres vieux objets de châtelain. J’ai l’impression que dans cette région, tout le monde cherche à maintenir un lien avec le passé, même les derniers arrivants.

Le lendemain, c’est Jean-Luc Longère qui nous attendait pour une balade au milieu des vignes.

Bien que les vendanges touchaient à leur fin dans le Beaujolais, il restait encore beaucoup de belles grappes et nous ne nous sommes pas fait prier pour les goûter. Pour je ne sais quelle raison, je m’attendais à ce que le raisin soit amer, mais j’ai été très agréablement surpris par sa délicieuse saveur sucrée.

Sur le chemin, Jean-Luc nous indiquait l’emplacement de ses vignes et de celles de ses amis. Jeanine lui a demandé si sa culture était bio, ce à quoi il a répondu : « Dans les faits, oui, mais officiellement, non. Je préfère consacrer mon temps à mes vignes plutôt qu’à la paperasserie. » Puis, il nous a fait remarquer les herbes sauvages qui poussent sur son sol et nous a expliqué qu’un bon nombre de vignerons ont constaté que laisser la nature suivre son cours vaut mieux qu’un sol sans vie, plein de pesticides. Mais vous savez, la paperasse…

Notre excursion nous a ensuite menés vers un décor digne du Bachelor ; une petite table installée au milieu du vignoble nous attendait pour le déjeuner. Jean-Luc a ouvert son sac à dos pour en sortir un « pique-nique » préparé par son ami Romain Barthe, chef étoilé de l’Auberge de Clochemerle.

Remarques : Si vous vous rendez en Beaujolais, ne manquez pas d’appeler Jean-Luc pour profiter de cette balade gourmande. N’oubliez pas de réserver au moins trois jours à l’avance.

Nous avons passé les premières nuits de notre séjour Beaujolais au Château de Bellevue où les propriétaires produisent leur propre vin et tiennent une maison d’hôtes.

Pas mal, n’est-ce pas ? Mont Brouilly étant le plus haut sommet du Beaujolais, les vignobles de Côte de Brouilly qui l’entourent nous ont offert les panoramas les plus époustouflants de notre voyage.

La beauté de ces paysages à perte de vue est telle, qu’il est impossible de s’en lasser. Même si la région n’est pas très grande et que tous ses recoins partagent une histoire commune, j’avais le sentiment que chaque lieu possédait sa propre identité. C’est un peu comme le vin du Beaujolais finalement puisque dans la région, quatre types de sols abritent des cépages en tout genre, mais avec tout de même une prédominance de Gamay, un cépage rouge propre au Beaujolais. Dans un rayon de 50 km, il est fascinant de voir comme les paysages, les vignerons et les cépages sont si semblables et pourtant si singuliers.

J’ai toujours rêvé de visiter le Beaujolais, c’est un vignoble à taille humaine où l’on ne s’ennuie jamais.

Au Château Thivin, nous avons fait la connaissance de Claude Geoffray, avec lui l’expression « avoir le cœur sur la main » prend tout son sens. Il nous a accueillis dans sa demeure où j’ai pu entendre le vin chanter pour la première fois de ma vie. « Mais encore ? », vous me direz. Je vous explique.

Lorsqu’il m’a ouvert les portes de sa cave, j’ai tout de suite remarqué les fûts sur lesquels était posée une feuille. Il n’en fallait pas plus pour attiser ma curiosité. Au cours de notre séjour, les fûts n’ont manqué, pourtant c’est la première fois que je voyais un tel ornement, je lui ai donc demandé ce qu’il en était. Les vendanges venaient de finir et le vin était en phase de maturation dans les fûts depuis quelques semaines. En ôtant une feuille du sommet d’un des fûts, Claude a révélé le trou qu’elle cachait. Lorsque je me suis penché au-dessus, j’ai pu entendre le vin pétiller. Le bourdonnement qu’il produisait était assourdissant. Voilà ce qu’on appelle le chant du vin. Je n’avais jamais rien entendu de tel. Lorsque je lui ai demandé pourquoi il déposait une feuille sur le tonneau, il m’a répondu que les générations qui l’ont précédé ont toujours couvert le trou par une feuille de Gamay. Cela a-t-il une quelconque vertu ? Qui sait, mais ce qui est sûr, c’est que Claude n’est pas près de mettre un terme aux méthodes traditionnelles de ses ancêtres.

En fin de journée, nous nous sommes assis pour contempler quelques albums de famille, discuter et admirer le sublime paysage, tout cela en dégustant un de ses meilleurs crus.

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Jeanine D'onofrio
Jeanine Donofrio, est une passionée de gastronomie et de bio. Avec son mari Jack, ils suscitent l’in...

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