C’est bien connu, le vin français, c’est tout un art, et percer ses secrets n’est pas chose simple. La France compte 11 principales régions viticoles et plus de 300 Appellations d’Origine Contrôlée (AOC) qui se répartissent entre les rouges, les rosés, les blancs et les vins pétillants. D’après le site WineFolly.com, il existe environ 2 900 types de vins français : rendez-vous compte !
En tant qu’ambassadrice du vin français pour Visit French Wine, j’ai déjà exploré la région de Cognac et le Val de Loire. Cette année, j’ai mis le cap sur l’une des régions viticoles les plus prestigieuses au monde : la Bourgogne. Et je dis ça en toute objectivité : sept des dix vins les plus chers au monde sont produits en Bourgogne, et sur les 50 bouteilles les plus coûteuses, 32 proviennent de cette région. Mais en dépit de cette renommée exceptionnelle (et inestimable), n’allez pas croire que le vin de Bourgogne n’est réservé qu’à ceux qui peuvent s’offrir un Grand cru du Domaine de la Romanée-Conti. Une fois que vous maîtriserez quelques notions élémentaires, vous verrez que les vins bourguignons pourront satisfaire vos papilles sans pour autant vous ruiner. Chaussez vos lunettes si vous en portez, mon guide risque de vous être fort utile.
Histoire du vin en Bourgogne
Pour mieux s’initier aux vins de Bourgogne, il est essentiel de se pencher brièvement sur leur histoire. Il y a plusieurs millions d’années, la mer recouvrait entièrement le territoire de la Bourgogne, ce qui explique que le sol de la région est riche en calcaire et en marne, un mélange argilo-calcaire. C’est d’ailleurs la composition même de ce sol qui confère aux bourgognes leur minéralité si prisée. La longue histoire des vins bourguignons remonte aux alentours de l’an 50 avant J.-C. Les Celtes produisaient vraisemblablement déjà du vin en Bourgogne lorsque la région a été conquise par les Romains. Ces derniers prennent alors le relai, et après la chute de l’Empire romain, c’est au tour de l’Église catholique de perpétuer le travail de la vigne.
Vers l’an 900, la plupart des terres de la région appartiennent à des moines bénédictins qui les cultivent. Mais il faut encore attendre deux siècles et la présence des moines cisterciens pour que les vins de Bourgogne acquièrent véritablement leurs lettres de noblesse. Ayant fait vœu de pauvreté, les cisterciens pensent qu’en s’astreignant à un dur labeur, ils se rapprocheront de Dieu. Aussi ne se contentent-ils pas de cultiver les coteaux rocheux de Bourgogne : ils envisagent également la viticulture de façon plus intellectuelle en tenant méticuleusement des registres et en introduisant même la notion de terroir, terme qu’ils emploient pour décrire l’influence de l’environnement de production sur le caractère d’un vin. En 1336, les cisterciens créent le premier clos de vignes bourguignon, le Clos de Vougeot, qui est encore un lieu d’exploitation viticole à l’heure actuelle.
Au cours des XIVe et XVe siècles, la région est dominée par les ducs de Bourgogne. Le duc Philippe marquera l’histoire en interdisant en 1395 la culture du cépage gamay au profit du pinot noir qui est particulièrement apprécié. Plus tard, il interdira également l’épandage de fumier dans les vignes, ce qui augmentera le rendement, mais atténuera les arômes des récoltes. À la fin du XVe siècle, la Bourgogne est annexée au royaume de France. Après la Révolution française, les terres que possède l’Église sont confisquées et revendues à des propriétaires privés. Au fil des générations, ces terres seront redistribuées à plusieurs reprises en vertu du Code Napoléon, la loi exigeant que les héritages soient divisés à parts égales entre chaque enfant. Aujourd’hui, il n’est donc pas rare de voir la propriété d’un château se diviser entre une dizaine de bénéficiaires, chacun ne possédant qu’une petite parcelle de vigne.
Les principaux cépages de Bourgogne
En Bourgogne, deux cépages partagent la tête d’affiche : le pinot noir et le chardonnay.
Natif de Bourgogne, le pinot noir représente 34 % des vignes de la région et 29 % de sa production totale de vin. Ce cépage rouge s’exprime à merveille sur les sols calcaires et argileux qui contribuent à façonner son caractère complexe. Les vins de Bourgogne issus du pinot noir ont une robe allant du rubis au rouge brique, ils sont légers et se distinguent par leurs arômes de fruits rouges et leurs notes épicées. Le gamay figure parmi les autres cépages rouges de Bourgogne, mais il n’occupe que 10 % de l’étendue des vignes.
Le chardonnay est quant à lui le principal cépage des vins blancs bourguignons, représentant 48 % des plantations de vignes et 68 % de la production. Les sols marneux de la Bourgogne conviennent parfaitement à la culture du chardonnay, lui conférant ses notes fleuries, fruitées et minérales, ainsi que ses arômes généreux. L’aligoté constitue le second cépage blanc cultivé et s’étend sur 6 % des surfaces viticoles. {Découvrez-en davantage sur cet ancien cépage de Bourgogne.}
La région produit également un vin pétillant connu sous le nom de Crémant de Bourgogne. Il peut être confectionné à partir de chardonnay, de pinot noir, de pinot gris, d’aligoté, de gamay, de sacy ou encore de melon. Plusieurs variétés de crémant existent, telles que le blanc, le blanc de blancs, le blanc de noirs et le rosé.
Les vignobles de Bourgogne
Situé à deux heures au sud-est de Paris, le vignoble de Bourgogne s’étend sur 150 kilomètres et ne représente que 3 % de la production viticole française. Aux portes de Paris, au nord-ouest de la région, se trouvent les vignobles de Chablis et du Grand Auxerrois. Les vins de Chablis sont issus à 100 % de chardonnay et bénéficient de deux AOC, géographiquement délimitées par la rivière du Serein qui les sépare. Ce sont généralement des vins frais et très secs, à l’exception du Petit Chablis qui se distingue par sa légèreté, ses arômes d’agrumes et ses notes fleuries. Le vignoble du Grand Auxerrois est plus diversifié et regroupe quatre zones : l’Auxerrois, le Vézelien, le Jovinien et le Tonnerrois. Les vins blancs de l’Auxerrois sont principalement issus de chardonnay et d’aligoté, tandis que les rouges proviennent de pinot noir et de gamay.
De Dijon à Nuits-Saint-George, au cœur d’une zone étroite de 20 kilomètres de long nichée à flanc de coteaux, la Côte de Nuits est le haut lieu des vins rouges de la région. La plupart des Grands Crus de Bourgogne y sont produits, aux côtés de quelques vins blancs et vins rosés. Si les puissants rouges s’élèvent indéniablement au rang des meilleurs vins du monde, la Bourgogne recèle d’autres fleurons de la grandeur viticole, notamment dans la Côte de Beaune qui s’étire sur une vingtaine de kilomètres. Du nord au sud, entre Ladoix-Serringy et les communes des Maranges, ce petit vignoble de renommée mondiale compte un certain nombre de vins classés Grands Crus et Premier Cru : pas moins sept des huit vins blancs classés Grands Crus proviennent de la Côte de Beaune.
Vient ensuite la Côte Chalonnaise qui, sur une étendue de 25 kilomètres de long et 6 kilomètres de large, déroule ses coteaux où sont produits vins rouges et vins blancs. Les principaux cépages cultivés sont le pinot noir et le chardonnay, bien qu’on y trouve également l’aligoté. En réalité, Bouzeron est même la seule appellation à être exclusivement issue du cépage aligoté. Enfin, au sud de la Bourgogne, lové entre deux vallées, se trouve le Mâconnais. Cet étroit vignoble de 35 kilomètres de long situé entre Sennecey-le-Grand et Saint-Vérand abrite principalement le cépage chardonnay et, en moindre mesure, le cépage gamay.
Appellations des vins de Bourgogne
À l’heure de sélectionner une bouteille de vin français, il est essentiel de savoir déchiffrer son étiquette. Au-delà du domaine de production et du millésime, les mentions d’une étiquette peuvent fournir de précieuses informations sur la qualité d’un vin. Parmi les quatre appellations des vins de Bourgogne, l’appellation Grands Crus est la plus prestigieuse. Elle rassemble les meilleurs vins de Bourgogne qui ne constituent que 1,3 % de la production totale. Ensuite vient l’appellation Premier Cru qui regroupe 9,3 % des vins de la région. En troisième position se trouve l’appellation Village qui représente 38,1 % de la production. Enfin, la dernière appellation officielle est l’appellation Régionale qui compte pour 51,3 %.
Ce guide d’initiation aux vins de Bourgogne n’est qu’une introduction pour découvrir ce vignoble de renommée mondiale. Mais il devrait être suffisant pour vous aider à sélectionner un vin à votre goût la prochaine fois que vous devrez choisir un bourgogne chez un caviste ou au restaurant. Et si l’envie vous prend de visiter cette sublime région, vous trouverez tous les renseignements nécessaires sur les sites de l’office du tourisme de Beaune et du Bureau Interprofessionnel des Vins de Bourgogne {BIVB}. Une fois en France, n’hésitez pas à rendre visite à Cristina Otel et son école Burgundy Wine School. Diplômée d’un Master Vigne et Terroir de l'Université de Bourgogne, Cristina propose aussi bien des ateliers œnologiques de 90 minutes que des stages de deux jours.
À vous la Bourgogne !
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